Trafic d’ice : un prévenu déclare que l’on en trouve « partout à Tahiti »


PAPEETE, le 27 mars - Six individus, âgés de 30 à 48 ans, comparaissaient ce mardi matin devant le tribunal correctionnel dans le cadre d’un trafic d’ice et paka. L’audition des prévenus à la barre a apporté de nombreux éléments quant au fonctionnement du trafic de méthamphétamines sur l’ile de Tahiti.

Ils étaient six à comparaître libres ce mardi devant le tribunal correctionnel de Papeete pour avoir participé, en qualité de revendeur ou de fournisseur, à un trafic d’ice et de paka entre janvier 2014 et mars 2016 sur l’île de Tahiti. Selon les périodes, les prévenus se rachetaient mutuellement l’ice. Tous avaient été appréhendés lorsque les enquêteurs s’étaient intéressés à l’entourage d’Esteban Lozano, l’un des frères de Mercedes Dubaquier. En garde à vue puis devant le juge d’instruction, ils avaient reconnu, chacun à leur mesure, s’être livrés au trafic.

Lors de l’audience, les questions du président du tribunal et les réponses parfois fournies des prévenus ont éclairé certaines facettes du trafic d’ice à Tahiti. Parmi les six individus, l’on retrouvait notamment un journaliste, un employé de la fonction publique - déjà condamné la semaine dernière dans l’affaire Dubaquier - mais aussi des multirécidivistes. L’un de ces dealers a d’ailleurs indiqué que l’on retrouvait toutes les catégories socio-professionnelles au sein de sa clientèle. Sur la question du trafic en lui-même, l’on a appris que la dose de 0, 25 grammes se revendait désormais pour 50 000 Francs, 0,10 grammes pour 20 000 Francs. Les prévenus avaient plusieurs fournisseurs selon les arrivages. Ils se déplaçaient beaucoup, nuit et jour sur tout l’île afin de livrer la clientèle. Leurs débuts dans le trafic correspondaient souvent au fait qu’ils soient devenus consommateurs d’ice. Car, comme l’a indiqué un prévenu à la barre : « je suis devenu accro dès les premières prises. J’ai commencé à trafiquer pour me payer ma propre consommation. » Cet homme a par ailleurs expliqué que l’on trouvait facilement de l’ice à Tahiti, « aussi facilement que l’on trouve du paka. » Il semble que cette audience, bien qu’instructive, n’ait cependant dévoilé que la partie émergée du trafic.


Lésions cérébrales irréversibles

Lors de ses réquisitions, le procureur de la République est revenu sur le déroulement de l’audience : « cela permet de comprendre que quelle façon il est si facile de tomber dans ce produit quand on a un travail régulier et une famille. L’on remarque que l’action de revente suit le début de la consommation. Je tiens à rappeler aux prévenus que ce trafic crée des victimes et que ces dernières sont leurs propres enfants. Monsieur C, par exemple, vous avez deux jeunes enfants. Au collège, peut-être qu’ils seront confrontés à l’ice et cela sera à cause de vous. » Puis, le représentant du ministère public n’a pas manqué de rappeler que l’ice « dégrade les organes vitaux que sont le foie et les reins. Il provoque également des lésions cérébrales irréversibles. » Des peines de 4 à un an de prison ferme, assorties d’obligations de soins et de formation, ont ensuite été requises.

Après en avoir délibéré, les magistrats ont condamné les prévenus à des peines de prison ferme comprises entre un an et 4 ans de prison ferme. Trois mandats de dépôts ont été délivrés. Un mandat d’arrêt a été décerné à l’encontre d’un septième prévenu qui était absent lors de l’audience.

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 27 Mars 2018 à 13:52 | Lu 6614 fois